Paul Mathias

From Diktya
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Paul Mathias ancien élève de l'ENS, agrégé et docteur en philosophie, spécialiste de Montaigne et chercheur en diktyologie. Inspecteur général de l'Education nationale en Philosophie, directeur de programme au Collège international de philosophie, il a entamé ses travaux sur les réseaux en 1995 avec la création à l’ENS de l’«Atelier Internet», puis a été membre des équipes de recherche « Réseaux, Savoirs et Territoires » (ENS-Ulm & ENSSIB) et « Vox Internet » (MSH, Paris). doyen du groupe Philosophie de l'IGEN.

Après avoir écrit La Cité Internet publié par Les Presses de Sciences-Po (1997), il a conduit à l’I.E.P. de Paris un séminaire de trois ans sur les questions de droit et de politique ravivées par l’essor de l’Internet. Parallèlement, il a participé à l’organisation des colloques « Comprendre les usages de l’Internet » (1999) et « Mesures de l’Internet » (2002), et contribue régulièrement aux travaux de l’équipe de recherche Démocratie électronique (DEL).

Il a entrepris ses recherches autour des questions philosophiques suscitées par l'émergence de l'Internet au milieu des années 90 et a, depuis, publié La Cité Internet (Presses de Sciences-Po, 1997), Des Libertés numériques (Presses Universitaires de France, 2008) ou Qu'est-ce que l'Internet ? (Vrin, 2009). Il est également membre fondateur de l'équipe « Réseaux, savoirs et territoires » (ENS-Ulm) et a, dans ce cadre, contribué à l'organisation des colloques sur « Comprendre les usages de l’Internet » (Paris, décembre 1999) et « Mesures de l’Internet » (Nice, mai 2003, en conjonction avec l'INRIA). Directeur de programme au Collège international de philosophie entre 2004 et 2010, Paul MATHIAS y a conduit un séminaire consacré aux problématiques philosophiques de l'Internet. Parmi les travaux de cette période, on retiendra l'organisation d'un colloque en janvier 2006, « L’Internet : Espace public et enjeux de connaissance », et la direction éditoriale du numéro 55 de la revue Rue Descartes, intitulé « Philosophies entoilées ».

Parallèlement, à titre de membre du Comité scientifique, il a participé aux travaux de « Vox Internet », groupe de recherche de la Maison des Sciences de l'Homme (MSH), dont les activités ont fait l'objet d'un soutien de l'Agence Nationale pour la Recherche (ANR).

Récemment, Paul MATHIAS a contribué à la rédaction du rapport de l'Inspection générale intitulé « Le manuel scolaire à l'heure du numérique : une “ nouvelle donne ” de la politique des ressources pour l’enseignement », et il co-anime désormais la cellule TIC des inspections générales.

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Dans l'attente d'un projet de recherche sur l'apport de Paul Mathias aux concepts de Diktyologie et de Technosophie, cette présentation reprend en très large partie celle de IDIXA. (attention : les travaux de l'Orloeuvre réclament le respect du droit d'auteur sous la forme citée par ce lien].



La diktyologie

Paul Mathias a introduit la diktyologie comme le champ du savoir qui s'occupe des pratiques réticulaires, celles qui concernent et/ou tirent avantage des réseaux, Son point de départ à été le questionnement de ce qu'est le banc test ouvert et utilisé par tous de la diktyologie : l'Internet?


Qu'est-ce que l'internet ?

On répondra dans un premier temps : un réseau planétaire qui remplit certaines fonctions pour les personnes qui s'en servent, les usagers. Cette définition n'est pas fausse, mais réductrice. Le réseau dépasse toujours les usages pour lesquels il est prévu. Il est aussi un univers, un monde, un espace-temps, le prolongement de la vie courante des hommes. On ne peut jamais l'appréhender dans sa totalité. Il se renouvelle sans cesse, comme notre propre discours. Son code s'entrelace avec la loi, sans qu'on puisse le gouverner de l'extérieur. Résultat de décisions et de choix implicites, voire insus, il est immaîtrisable, indisponible. Le sujet n'y est pas une conscience active, mais l'effet du fonctionnement très particulier des communautés qui y sont nées : elles fabriquent de l'écart. C'est cette ouverture, peut-être virtuelle, qu'il nous faut préserver.


Bibliographie

  • Qu'est-ce que l'internet? (Chemins Philosophiques) (French Edition) Oct 19, 2009
  • Ethique et solidarité humaine à l'Ãge des réseaux (French Edition)
  • rapport annuel des inspections générales 2010 ; IGEN, IGAENR
  • Philosophie Tle L-ES-S (French Edition)
  • Philosophie terminale ES
  • La cité internet 1997
  • La beauté dans les Fleurs du mal 1977
  • Groups and communities 1974
  • Multiple Choice Questions for CXC Social Studies 1984
  • The teachers' handbook for social studies 1973
  • Some People Are Different 1975
  • Montaigne : Ou l'usage du monde
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Site et liens Internet


Contributions

  • Éthique et solidarité humaine à l'âge des réseaux (Avec Philippe Breton, Claude Henry, Hervé Le Crosnier, Sylvain Missonnier, Pierre Pérez, Valérie Peugeot et Paul Soriano)
  • Métamorphoses du pédagogue - Dans Médium 2015/3 (N° 44-45)
  • Les nouvelles technologies de la politique - Dans Médium 2011/4 (N° 29)
  • Présentation - Avec Robert Damien - Dans Cités 2009/3 (n° 39)
  • Note introductive aux identités numériques - Dans Cités 2009/3 (n° 39)
  • De quelques peurs et des réseaux -Dans Cités 2008/4 (n° 36)
  • Cyberterrorismes - Dans Rue Descartes 2008/4 (n° 62)
  • Introduction - Dans Cahiers Sens public 2008/3 (n° 7-8)
  • Back To No Future - Avec Pierre Todorov - Dans Rue Descartes 2008/2 (n° 60)
  • The last frontier ? L'Internet au-delà de tout territoire - Dans Cités 2007/3 (n° 31)
  • Horizons - Dans Rue Descartes 2007/1 (n° 55)
  • Pour une pragmatique des flux - Avec Peter Lunenfeld Dans Rue Descartes 2007/1 (n° 55)
  • Le principe d'inconnexion web - Avec Geert Lovink -Dans Rue Descartes 2007/1 (n° 55)
  • Célébration des ruines de l'ego cartésien - Avec Michael Heim - Dans Rue Descartes 2007/1 (n° 55)


Considérations sur l'Internet

L'on pourra reprendre ses suggestions, propositions, idées forces, etc. que nous nomerons techniquement des considérations :


Thèmes :

  • La question cruciale de l'Internet est son indisponibilité : s'il nous prolonge comme notre propre monde, c'est parce qu'il n'est jamais donné "là-devant", comme totalité
  • L'Internet est la trame sans cesse renouvelée de notre propre discursivité
  • La régulation externe de l'Internet par des lois et règlements étatiques ne peut devenir effective que si elle s'entrelace avec son code et ses normes endogènes
  • L'Internet dépasse toujours les usages pour lesquels il est prévu
  • A travers un système de normes et de procédures, l'Internet déploie un projet collectif insu
  • Si une "citoyenneté Internet" est concevable, elle ne se fonde pas sur une communauté mais sur le postulat que toute conduite est en droit une conduite d'écart
  • L'Internet illustre le fait qu'être sujet, c'est résulter d'un effet de discours
  • Notre tâche est d'assumer l'ouverture de l'Internet
  • Le virtuel est un surcroît de présence


Réflexions :

  • L'Internet n'existe pas physiquement : c'est l'addition de tous les egos et/ou des consciences qui y sont connectés à un moment donné
  • Avec l'Internet, nous sommes confrontés à l'"évidence" de notre liberté, et dans le même temps assujettis à un système complexe de contraintes de toutes sortes
  • Les réseaux forment un univers sans Dieu dans lequel la raison prend la figure mal identifiable de la dissémination discursive et du chaos sémantique
  • Incapable de fixer les contours de son espace discursif, l'Internet met en place des opérations sans sujet repérable
  • L'Internet est un phénomène de conscience dont le moi ou le je sont absents
  • Si l'Internet est vécu comme chaos, danger ou désordre, c'est parce qu'il excède nos capacités descriptives et théoriques : on ne peut pas l'appréhender dans sa totalité
  • La défense de l'identité réticulaire - les droits de l'internaute - induit un questionnement éthique ou juridique sur le droit des personnes, la vie privée, la subjectivité civile
  • Notre expérience existentielle de l'Internet est celle d'une présence dans l'ubiquité, par les pseudonymes, les avatars et les traces que nous laissons
  • L'Internet s'expérimente comme une coïncidence de l’être et du texte
  • Le virtuel est la métaphore d'un réel disponible, achevable, dépourvu de risque et d'événement
  • La vulnérabilité de l'Internet provient moins de sa fragilité technique que des représentations et des "affordances" qui s'y opposent
  • S'il y a citoyenneté dans l'Internet, c'est pour exprimer le local et le discret de la conscience et du discours politique
  • Les "communautés" déracinées et déterritorialisées qui se forment sur l'Internet sont trop fragmentées et volatiles pour se cristalliser en forces politiques nouvelles
  • Dans l'Internet, le rapport du code à la loi est saturé par la diversité des principes régulateurs et des instances législatrices
  • Dans l'Internet, le code, c'est la loi
  • Une communauté réticulaire ou virtuelle est un continuum discursif, sans contrainte d'espace ni de temps, qui produit du commun à partir de la déviance ou de la différence
  • l’Internet est le lieu d'une tension entre la liberté comme effet de flux et la liberté comme garantie du propre
  • L'idée de l'Internet comme espace est une représentation métaphorique
  • L'Internet est une machine faite de paroles
  • L'Internet n'est pas un outil maîtrisable, c'est un monde
  • Les réseaux sont la conséquence d'une culture nouvelle de la normativité où s'ajustent en permanence des procédures hétéroclites et conflictuelles
  • Avec le protocole IPv6, les serveurs DNS (Domain Name Server) seront comme des dieux qui détiendront les noms de toutes les personnes et de tous les objets du monde
  • En tant que monde des réseaux ou de l'Internet, le cyberespace est régi par une production considérable de normes - dont la stabilisation est improbable
  • L'Internet produit un nouveau régime d'"être-en-communauté", où celles-ci sont capables de reconfigurer, redéfinir ou altérer leurs finalités
  • Une e-citoyenneté (citoyenneté des réseaux) ne peut se fonder que sur une pensée critique de l'Internet forgeant ses propres outils conceptuels
  • Le souci de gouvernance de l'Internet repose sur une tentative d'appliquer à des enjeux multiples et non explicités des principes universalistes
  • Internet est le quatrième temps de la révolution galiléenne, celui où le sujet perd la parole
  • Le Réseau exprime des enjeux éthiques et politiques qui prennent la forme de normativités concurrentes
  • L'Internet est irréductible à son dispositif technique
  • Le lag, délai d'attente qui affecte toute transmission sur le web, est l'essence même de la temporalité des réseaux
  • L'expérience temporelle de l'Internet est celle de l'absence, de la latence (lag) et de l'attente
  • Même quand il n'a qu'un usage textuel, l'Internet engage l'opérateur sur un mode ludique
  • Une transmission garantissant l'intégrité des données transmises est un fantasme qui suppose la neutralisation des sujets et des singularités, c'est-à-dire de la parole
  • La virtualité d'un monde virtuel réside hors de lui, dans l'intervention d'un utilisateur
  • L'idéal de fluidité et de transparence de l'Internet voile l'assujettissement de l'usager à des fonctions prédéfinies
  • L'Internet se construit comme système de codes et de régulations contre-aléatoires, afin de limiter sa vulnérabilité
  • En surdéterminant nos pratiques les plus usuelles, l'Internet les altère, les subvertit, les métamorphose et leur donne un autre sens
  • L'Internet est un système multiplexé qui, en parallèle, exécute des tâches distinctes et porte des enjeux politiques, éthiques, économiques, sociaux et culturels disparates
  • La structure des réseaux met en jeu une pensée réticulaire qui se produit sans cesse en écho d'elle-même
  • Les mondes virtuels sont des ensembles de normes; ils ouvrent des possibilités dont l'horizon est déterminé par un programme
  • Le réel se donne sur le mode de l'immanence et le virtuel sur le mode de la transcendance
  • Seule une conception philosophique de l'Internet comme espace ouvert qui prolonge le monde de la vie peut contrer l'enfermement dans l'utilitarisme et le sécuritarisme
  • L'Internet prolonge et continue l'idée d'une écriture publique, partageable et infiniment disponible
  • Nous devons assumer les mutations potentiellement infinies, inanticipables et inappropriables de l'Internet
  • Comme figure contemporaine du réel, l'Internet est en excès permanent sur lui-même
  • La transmission de la parole sur l'Internet définit des liens volatiles qui se cristallisent en production de discours
  • L'Internet favorise un changement de paradigme dans les institutions politiques : le pouvoir se dissémine et s'exerce par assentiments ou par assomption des dissentiments
  • Il faut penser la loi de l'Internet comme un processus de légalité distribuée, comme un effet de parole, de conversation, de discours et de procédures partagées
  • L'Internet, qui se présente comme un outil infiniment disponible, n'est que le produit volatile de ses opérations
  • Internet est un monde trop ouvert qui appelle des clôtures
  • L'expérience de la parole sur Internet est celle de l'entrelacement, de la procréation et de l'enfantement des discours, c'est-à-dire de la différance
  • Dans les messages réticulaires, parole et écriture se confondent
  • Les réseaux de l'Internet forment un monde dont la réalité est coproduite par ses opérateurs, dans une relation sémantique
  • En relayant et amplifiant les capacités de recherche, de collecte et de production des savoirs, l'Internet induit une mutation des discours
  • Sur l'Internet comme pour tout discours, la transmission est effet de sens et intentionnalité
  • Dans l'univers Internet, les seules constellations sur lesquelles on puisse s'orienter sont les usages
  • En désincarnant le sujet, l'Internet favorise une vision radicalement idéaliste du monde
  • Sur les réseaux, le statut du sujet de la parole n'est pas véritablement établi
  • Internet ne peut pas fonctionner sans une garantie de sécurité, de transparence et de stabilité
  • Nous vivons l'Internet comme un instrument pour des usages, sans savoir ni où nous nous situons, ni ce que nous faisons